De la servitude
moderne
film
de montage de Jean-François
Brient et Victor León Fuentes (2009)
Ce film, vous
en êtes avisés par le net. Des réseaux sont à l’œuvre et c’est heureux.
Avec
l’information vous recevez des avis parcellaires. Sympathiques car militants
et c’est heureux.
Sur ma
messagerie, l’idée que c’était de même nature et aussi important voire
plus que Home de Y-A Bertrand. Home, c’est bien mais une dénonciation du système
financée par ceux qui vivent et profitent du dit système perd un peu de sa crédibilité,
même si c’était à faire. Ça a été fait et c’est heureux.
Alors ce film
de montage sur la servitude moderne, ce devait être quelque chose...
Première
vision, c’est sûr, les choses sont dites de façon très directes sur des
images qui ont du punch qu’elles aient été ou non retraitées au montage
pour leurs donner encore plus d’impact. Toutefois, à la fin de la projection,
un malaise difficile à expliquer…
Seconde vision
donc. Pourquoi ce malaise ? Regard beaucoup plus critique…
Et la gêne se
confirme. Non pas au coeur même du film, non. L'analyse-dénonciation est
"correcte" et plus que salutaire. Elle est bienvenue même si le ton
du récitant ( qui tente une imitation de Guy Debord dans son film de 1973
"la société du spectacle" ) est au bout du compte très irritant
ainsi que le gentil pillage du film 1984 de Michael Radford d'après le roman de
George Orwell. Que diable, n'aurait-on pas fait mieux que ce film depuis sa
sortie en... 1984 ?
Mais revenons
à "la servitude moderne". Et disons les sources de cette gêne.
Beaucoup à
dire sur les premières minutes qui ne fustigent que l'islam, le
soufisme et le judaïsme comme vecteur d'asservissement des peuples.
Disparu
le christianisme dans toutes ses variétés historiques et contemporaines,
catholicisme en tête (et pourtant !!! Quel pays peut se targuer d’avoir échappé
à cette déferlante coercitive et meurtrière ?). Aucune image de la place
Saint-Pierre un jour d’Urbi et Orbi n’est-elle disponible ? Et des
rassemblements évangélistes de masse dans les pays émergents voire chez nous,
aucune image ?
Disparues/ignorées
aussi la scientologie et toutes les sectes qui fleurissent aujourd'hui sur ce
qui reste de la fermentation de la culture occidentale. Même commentaire,
manque-t-on d’images sur ces sujets ?
Tout comme si,
justement la démonstration tendait à montrer que le mal ne venait que
d'ailleurs...
En tirant sur
ce fil - du rasoir -, on pourrait en conclure que le capitalisme fleuron de la
pensée occidentale, ce ‘’système totalitaire marchand paré du nom de démocratie’’
que nous avons implanté partout ou presque n'est pas un truc de chez nous mais
quelque chose "d'importé" pour mûrissement avant réessaimage sur
terrains religieusement préparés. Ceci
est d'autant plus gênant que de fait, ces premières minutes désignent des
boucs émissaires hors Occident. Et c’est malheureux.
Autre point gênant
au fil du propos, la déconstruction remarquable de la propagande mots/images
qui nous inonde et qui sert ici de base à la construction... d'une nouvelle
propagande mots/images ! L’art de traiter les images des deux réalisateurs
est d’ailleurs remarquable. Pour preuve cette séquence des ouvertures de
journaux télévisés français dans laquelle les visages des
‘’journalistes’’ des deux sexes sont (con)fondus et enchaînés jusqu’à
une (con)fusion saisissante. On ne sait plus qui est qui, sauf que tous disent
ce qui, selon le pouvoir, doit être dit, asséné, rabâché…
Et au final,
sous couvert de pédagogie, éclatement du ‘’monopole de l’apparence’’
par l’élaboration d’une nouvelle propagande mots/images qui fonctionne
comme l’autre, la honnie, la dénoncée, par détournements, sous-entendus et
omissions, afin de déboucher sur la justification de la violence pure,
irrationnelle, gratuite, des actions des casseurs et incendiaires qui agissent
ici en Europe – et peut-être ailleurs de par le monde - à chaque
manifestation de masse, en queue de cortèges et lors des dislocations de défilés.
Et là, bien sûr,
contrairement à ce qui est revendiqué, il n’y a aucune spontanéité créatrice
à même de rassembler et le projet révolutionnaire ne rejoint en rien le
projet poétique … Et c’est malheureux !
Ces remarques
faites, il convient de saluer ce travail et cette analyse de la méthode
d'assujettissement à l'œuvre sur la planète depuis plus de deux siècles.