Quelques uns des haïkaï que j'ai composés au fil du temps rassemblés ici en deux recueils très fragmentaires : Histoires naturelles et la Vie sauvage
L’aube
se lève. Pépiements
entrecroisés. Vol
de martinets. |
Aube
mordorée. Cri
déchirant les tympans. L’oiseau
vert file. |
La
lune flotte sur
le fleuve de la nuit. Un
poisson saute. |
L’air
s’est habillé du
doux parfum des tilleuls. Plus
loin, un laurier. |
Les
iris se sont fanés, il
a fallu les couper. Le
printemps est terminé. |
Le vent se lève et les arbres s’étreignent.
Forte
dépression. |
Un
vol de ramiers s’abat
sur le cerisier. Adieu
fruits rouges ! |
Les
tomates grandissent. J’ai
du bien les attacher et
l’été est arrivé. |
Les
blés animent les
collines du Perche. Ton
vert des bosquets. |
L’épervier
fend l’air, le
mulot fuit, se terre. Trop
tard, il est mort. |
Et
c’est l’aube nouvelle, le
ciel est bleu marine, couleur
de crépuscule. |
Le
vieux prieuré est
rongé de verdure. Ruine
du passé |
Cri
de ferrailles de
l’oiseau vert qui vole. L’ara
est libre. |
J’ai
regardé les fourmis rouges et
écouté les grillons. Là
bas, des chardons bleus. |
La
brume cache tous
les creux du bocage. Des
mauves en fleurs. |
Les
branches mortes du
vieux châtaignier griffent un
ciel de grand beau. |
Le
parfum subtil des
pivoines vieux roses emplit
la chambre. |
Au
milieu du champ, un
vieux pommier tout penché. Ultime
effort. |
Les
chatons jaunes cascadent
aux châtaigniers. Promesse
de fruits. |
Coups
de tonnerre. Des
éclairs bleus déchirent les
nuées sombres. |
Les
talus s’ornent de
grands ormes émondés. L’odeur
du lisier. |
L’odeur
douceâtre, aminée,
des châtaigniers. Fadeur
morbide. |
Les
volets tremblent sous
les rafales du vent. Inquiétude.
|
La
lande tachée du
violet des bruyères. Bourrasques
tièdes. |
Le
damier des champs anime
le bocage. Toile
abstruse. |
La
chienne pleure. Il
est grand temps de sortir. Aube
des chaleurs. |
La
mer, marine, étire
son horizon sur
un ciel pâle. |
Des
saules signent les
méandres du ruisseau. Les
veaux sont au pré. |
C’est
marée haute. Un
fin crachin volette. Le
vent est d’ouest. |
Le
rouge-gorge se
perche aux fougères giflées
par le vent. Ses trilles volent vers
un doux soleil voilé. Mer
frangée de blanc. |
Sables
et rochers sont
battus par les vagues. Embruns
et ressac. |
Lumière
grise. Le
cocon des nuages étreint
la côte. |
Quatre
éperviers. Deux
volent en piaillant. Apprentissage.
|
Au
bal des corbeaux, chaos
de croassements. Lequel
jugent-ils ? |
Vent,
mer et soleil. L’Armor
s’est vêtue d’été. Les
landes vibrent. |
Sous
les troènes, l’odeur
d’une charogne. Sauvage,
la vie. |
Le
volubilis colonise
les oyats au
bord du marais. |
Devant
Saint Efflam, la
vaste et jolie baie baille
au large. |
Les
ophiolites déploient
leurs molles vagues vertes
et blanches.
Lave de volcans sous
marins d’avant la vie. Rêve
de Terre. |
Eclair
d’un cul blanc détallant
vers le talus. L’abri
du terrier. |
Au
bout du sentier, la
mer s’offre à la vue. Vision
étrécie. |
Au
loin, la plage caressée
par les vagues. Oubli
du monde.
|
Le
lézard veille à
l’orée des fougères. Où
est le soleil ? |
Un
lapin file sur
le chemin puis plonge dans
l’épais tailli. |
Les
fines prêles déploient
leurs grâcieux plumets, racines
en source. |
Chaussée
à marée soumise
à la lune. Rythme
de la vie. |
Couché
sur le dos, l’escargot
cherche en vain à
se rétablir. |
Les
thermes romains en
ruines au bord de la mer. Deux
millénaires ! |
Dans
le chemin creux, la
source sourt doucement. L’eau
suit la pente. |
Les
granits jaillis de
la mer cherchent le ciel. Matins
du monde. |
Les
volets battent au
vent-rythme de la vie. Ouverts,
ou bien clos ? |
L’or
des graminées ondule
au moindre vent. Union
précaire. |
Le
chêne perclus au
tronc moussu héberge une
fougère. |
Une
cohorte de
nuages envahit l’horizon
d’ouest. |
Le Fort-à-Vauban
flanque l’île aux Moines.
Rien
à l’horizon. |
Bruit sec des cosses
de genêts qui éclatent.
Semailles au vent.
|
De
lourds nuages en
vagues successives. Promesse
de pluie. |
Tip-tip
de la pluie sur
les ardoises du toit. Petite
dépression. |
Le chèvrefeuille
enlace l’aubépine.
Senteur discrète.
|
Le
blaireau mort gît
sur le bord de la route. Qui
est l’assassin ? |
Les
algues vertes festonnent,
au long des grèves, les
hauts de marées. |
Des
touffes d’oyat signent
la lande rase. Un
souffle de vent. |
Trois
corbeaux perchés sur
le vieil orme sec scrutent
l’horizon. |
Partout
en Beauce, la
poussière des champs. Temps
de la moisson. |
Au
cœur des chaos, le
phare de Ploumanac’h. Que
de vies sauves. |
La
buse glisse sur
des vagues d’air tiède. Courants
ascendants. |
La forte houle
se brise sur les hauts-fonds.
Blancheur d’écume.
|
Les
haies d’hortensias, camaïeu
rose et bleu, cachent
les maisons. |
Au
pied du chêne, un
haut faisceau de planches. Deux
instants de vie. |
De
noires nuées déferlent
du plein noroît. Cette
nuit, la pluie. |
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Des
pleurs de buses en
courbes vols zénithaux. Les
terriers tremblent. |
Les
gerris rament à
la surface de l’eau. La
truite guette. |
Bruits
dans le chêne. Une
buse s’envole. Pour
mieux revenir. |
La
tête en bas deux
mésanges suspendues au
toit d’ardoises. |
L’osmonde
coiffe les
îlots plats du Léguer. Douce
harmonie. |
Les
pipistrelles dansent
au clair de lune. Ballet
dans la nuit. |
Un
poisson saute. Des
cercles concentriques à
la surface. |
L’abeille
ivre de
trop de butinage. Piqûre
au bras ! |
Les
vasières grasses
du Trieux s’offrent, aux
oiseaux de mer. |
Le
Grand Chariot galope
vers le noroit. Quel
est son chemin ? |
Le
melon s’offre, sensuel,
à la guêpe. Peurs
enfantines. |
La
poule d’eau court se
cacher dans les taillis. Loin
de sa mare. |
Les
vagues, brutes molles
rageuses, rongent les
roches rouges. |
Froufroufrou.
Bruit sourd. Au
dessus de nos têtes deux
cygnes passent. |
Douze
grands ormes, alignés,
se découpent sur
l’horizon bleu. |
Tout
près du chemin, lapine
et lapereau se
frottent le nez. |
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