Interdiction de fumer et après… de
boire, de lire, de b----- ?
Résumé
d’après Amancio
Tenaguillo y Cortázar
François Taillandier, écrivain, est opposé à
l’interdiction de fumer. Dans un débat avec le ministre de la Santé, il
parle « d’évolution politique véritablement glaçante où l’on
voit l’UE (.....) sombrer dans une névrose obsessionnelle ».
Affirmant qu’il est impossible de traiter ici
« tous les aspects d’une question de civilisation hautement sensible »,
il souhaite se limiter au seul exemple de ce reportage télévisé dans un café
où le patron avait anticipé la prohibition et où une jeune femme, accompagnée
de son bébé, se réjouissait « de pouvoir désormais fréquenter le
café sans l’exposer à des nuisances ». Selon lui, on aurait pu
rappeler à cette jeune maman « qu’un bistro en tout état de cause
n’est pas un endroit pour les petits enfants » car « le
bistrot dans notre civilisation c’est l’endroit où l’on va pour boire
(parfois un peu trop) pour jouer (parfois de l’argent) (...) bref pour faire
tout ce qui n’est pas très bien vu en famille. Et par conséquent aussi pour
fumer. Et puis c’est tout simplement l’endroit où l’on se défoule un peu ».
Et il interroge « ceux qui veulent tuer le bistrot (...) ont -ils
encore une petite idée de ce qu’est la vie populaire dans nos villages, dans
nos banlieues, dans nos quartiers ? ». Evoquant l’argument du
« très large acquiescement des populations », l’écrivain
objecte que c’est un « argument inquiétant » car « on
ne voit pas où et quand la soumission de masse a jamais pu apparaître comme un
indicateur du bien ou du mieux dans les sociétés humaines ». François
Taillandier qui rappelle qu’il y a, selon Freud, « dans l’être
humain une pulsion de mort », considère « qu’en éradiquant
les uns après les autres tous les lieux et toutes les pratiques qui
permettaient d’intégrer le négatif de l’être humain et sa part d’ombre
(...) notre société se condamne à des répressions qui seront de plus en plus
implacables contre des violences qui seront de plus en plus imprévues »,
et il ajoute « préparons nous à une dérive multisécuritaire à côté
de laquelle les rêveries de l’extrême droite sembleront aussi folkloriques
que la bourrée auvergnate » Et de conclure « Préparons nous
enfin (...) à voir apparaître un post citoyen étranger à toute idée de
responsabilité personnelle, n’ayant plus aucun sens du respect qu’il doit
à la collectivité, à son prochain et à lui-même puisque l’Etat
tentaculaire se sera chargé de la morale à sa place ».
Sous le titre « Eloge du vin et de la liberté de
boire » Bruno de Cessole présente dans
Valeurs
actuelles « Expédition nocturne autour de ma cave »
un livre de Jean - Claude Pirotte (Editions
Stock). A cette occasion le journaliste se demande si « notre
vertueuse société de procureurs, après avoir jeté l’anathème sur le
tabac, s’en prendra (..) bientôt par souci hygiéniste au vin et aux buveurs ? ».
Assurant que « tout le laisse croire » tant « sévit la
dictature puritaine des bonnes intentions », il estime que « nous
serons bientôt condamnés par l’intolérance au plaisir délictueux de ne
boire que dans la clandestinité ». Jugeant que « lire et boire
participent pourtant du même état de civilisation », il fait observer
que l’assertion n’est pas de lui mais de Jean-Claude Pirotte qui a « définitivement
élu le jus de la vigne comme compagnon quotidien » et qui ne « délaisse
la compagnie fraternelle des poètes de sa bibliothèque » que pour faire
une « expédition nocturne autour de (sa) cave ». sachant que dans
ces « virées bachiques et poétiques » l’écrivain « sait
faire partager l’allégresse ébrieuse à son lecteur ».
La
campagne de diabolisation du vin et du tabac est le signe doublement inquiétant
d'un malaise dans notre civilisation. Ce nouvel "ordre moral" qu'on
veut nous imposer, sous prétexte de santé publique, est pour Jean-Claude
Pirotte l'expression symptomatique de la force grandissante des "démocraties
totalitaires" contre lesquelles, dans ses derniers livres, il
fait précisément oeuvre de résistance. Comme le remarque, dans un article
tout récent, Hugues Robaye ("Trois oeuvres de résistance, de clandestinité
et de désobéissance civile") : "En toile de fond de ses trois
derniers livres, l’auteur place les régimes policiers de nos démocraties
commerciales où ce qui s’écarte du modèle de développement économique est
pourchassé et réprimé. Et ce modèle de développement économique violent va
à l’encontre de l’humanité profonde." Et quoi de plus humain que le
vin ? qui témoigne depuis l'aube des temps du sens de notre civilisation. (Amancio
Tenaguillo y Cortázar, "Malaise
dans la civilisation (De la liberté de boire et de fumer)")
Sources
http://www.cepdivin.org/articles/tenaguillo05.html
http://www.drogues.gouv.fr/article5135.html
http://perso.orange.fr/marincazaou/cont/pirotte/index.html