Rubber Soul
Encore et encore
Paroles cadencées de dentelle
linéament de nos vies
ivres de nuit et d’étoiles.
Bras ouverts à étreindre les couloirs de foudre
Fusionnement des lumières
avant dissolution en poussières, encore et encore
Le linceul de nos sueurs mêlées
charpie effilochée de la nuit
gît enchiffonné au tiède du lit
foyer où tout se fonde et se crée,
ru du rut tout en méandres d’eau claire
courant sur la pierre dure du clitoris du monde, encore et encore
L’hiver coulant dans mes veines
a la compacité des pierres
nées d’un carambolage de nuages
aux lumineuses secondes
où le jour se fait fracasseur de nuit
et dérange l’étrange, encore et encore
Sel du silence
inestimable étranger sur la terre
au nom écrit sur l’eau
parti comme le vent.
Alchimère du désir nu
agglomérat de solitudes, encore et encore
Acte de transparence
dans l’azur du silence
Imposture du vrai, simple moment du faux.
Amitié silencieuse du néant
aux avant-gardes du temps.
Tromper l’ennui par son reflet, encore et encore
***
Don’t think
twice...
Pacotille spectaculaire d’un monologue d’ivrogne,
assemblage des sons comme les pièces du puzzle
du vase brisé des mots.
Les sphères rouges
des montagnes creuses
se sont effacées dans le grand désert bleu
où les sarcophages du soleil tamisent le néant
et les fleurs parlent entre elles la langue des parfums
à l’heure où les phalènes s’envolent.
Monotonie immobile.
La clarté choit des astres
jusque dans les tremblements du creux.
Puis les sarabandes de l’aube après la pulpe de la nuit
passent comme les cris de la neige sous les pas
Partout autour, des couleurs extatiques
en forme de récit sans limites de la vague à l’âme.
Là, l’eau claire courant sur les pierres inondées de soleil,
d’une île de l’espace, cairns d’atomes des musiques
d’ailleurs.
Ici sur la grève au tracé bientôt mort et froid
les épaves du plaisir de tes râles à ouïr,
chant vagal a capella de frissons vulvaires.
Les vieux rêves étaient de beaux rêves…
être aux désirs comme d’autres sont aux ordres.
Toujours en moi le mort en train de naître…
Les traces de mon passage à la surface du temps
se sont effacées depuis déjà bien longtemps
Quitte à être mort autant l’être tout à fait !
***
Les paupières closes
Pris par le soleil
du doux parfum qui s’évade
d’un chemisier bleu.
….
Ton corps coruscant,
bétyle de lumière
fulgurale
d’avant l’univers.
….
Dans l’ombre douce d’une aine
sous la couverture de vair
la lave lasse d’un lys
….
Où est-elle,
paupières closes sur son plaisir ?
elle m’effraie à merveille
***
Derrière le temps
Dans un bleu sommeil
les vents lavandes saignent pour les fous
et attisent les feux défunts des fins fragiles.
Silence circulaire des menhirs soudains du vide.
Dans cette nuit de marbre, tunnel
de sa propre vie
il fait sa soumission aux années,
seul à crever au milieu des montreurs de vertu,
vraies concrétions d’égoïsme en pyramides d’orgueil indifférent.
Sur sa route de Madison, terre terne de mémoire vermoulue
d’un immense désert fait de vide et de temps
aux parois d’argile luisantes.
Voyage Passage
habitude du devoir
devoir de l’habitude
consommation ostentatoire du néant
Temps désordonnés. Concession
d’infinitude.
Ramifications dendritiques. Circonvolutions corticales.
Inverser l’infini
Canope d’un soleil spirale
Enfantement de sa propre mort,
opportune importune aux phrases de parfums
Vérité du mensonge.
***
Le Requiem de Mozart
Mais qu’est-ce que j’peux foutre avec elle
Quand j’voudrais être à tes côtés
La main, les doigts dans tes dentelles
A conjuguer le verbe aimer
Avec mes mains vivre ton corps
Les aromates de tes douceurs
Puis de ma bouche sans effort
Cueillir de tes huiles les saveurs
Par la fenêtre entrebaîllée
en contrepoint à nos écarts
voluptueusement fredonnés,
bribes du requiem de Mozart
***
Là où l’enfer se perd
Mes phrases ébréchées
échangent leurs dialectes en lectures lentes
par des langues oubliées aux voix caverneuses
Fusion des émotions,
solidification des idées fixes,
nostalgie mauve
L’air de la grande nuit
coule par la fenêtre entrebâillée
Implorer ce ciel vide, trop vide, trop noir
Cendres de l’insomnie, souvenirs en conserve
Se cacher dans les motifs du mur
de poussière écarlate au goût de crépuscule
Payer sa dette à la nuit aux yeux d’ors incandescents
puis découper l’obscurité avec un disque de pierre de lune
des sanglots sous la peau, là où l’enfer se perd...
***
Avant qu’au creux des corps
L’air devient tout blanc aux falaises de l’enfer
Quand tombe la nuit en coagulations callipyges
le ciel pend en molles draperies humides parfois lissées de lune
De son disque pâle la sélène découpe l’obscurité
Trait bleu languide d’une vague sur l’adagio des roches
Une glace glisse dans un rêve continu blanc et lisse,
vide comme le temps volé à la solitude
Etang où le soleil se couche sans troubler l’eau mordorée
Cristalliser les roses des choses qui nous agitent
Fleurs de lune, fleurs de chance, fille en fleurs
Femme déserte la prude Prudence danse
derrière des brouillards de dentelle
Elle fait peur à merveille
un sable aphone sous les pas
à chatouiller les nuages
Allongée sur la dune à regarder la lune
dans un fracas de nuit fracassante fracassée
sur le manège rustique du plaisir solitaire
congélation brûlante d’un soleil trop riche
aux démangeaisons de roches calcifères
Violons de lune à la musique de poussière
Tellement rien du tout
Le désir passe fort
avant qu’au creux des corps
d’autres pages ne s’écrivent
***
Avec le tranchant de toutes les beautés inscrites dans ton corps
nos sexes poétisent en lentes larmes aux senteurs marines
au cœur des lèvres du centre du monde
ces textes qui pimentent nos nuits et irisent nos entrailles
***